Ma Profession de Foi

Les lignes qui vont suivre sont le fruit d’un exercice proposé à chaque étudiant en Thérapies Esséniennes et Egyptiennes, au moment de la dernière session de formation, qui se trouve être en fait la session d’examens. C’est en quelque sorte le bilan que chacun fait en fin de formation, avant d’être (ou pas) certifié, en revenant sur les moments marquants de ces quatre années d’apprentissage.

D’où je viens ? Par où je suis passé ? Comment j’aperçois la suite ? Comment je vais faire vivre cet enseignement ? Etc…

C’est un exercice très personnel donc, et il n’est aucunement demandé de le partager. Pour moi, cela a surtout été, en plus d’une longue introspection, une sorte d’accouchement de moi-même. Ces lignes, je les ai écrites plus sous la dictée que par construction littéraire. Elles m’ont plus traversé que ce que je ne les ai produites. C’est pour cela que je parle d’accouchement. Elles ont été plantées en moi, se sont développées, mais ne m’ont habité que temporairement. Même si elles sont de moi, et que je peux en revendiquer la paternité, elles ne sont pas à moi. Elles sont à la Vie. Pour la Vie. Par la Vie. Et c’est pour cette raison en particulier que j’ai été pris d’un élan de les partager. D’abord avec mes condisciples après notre certification, puis dans cet espace.

Je les ai laissées « en l’état » sans jamais rien retoucher, même si j’en ai eu souvent envie. Changer une tournure, une ponctuation… C’est un texte que j’ai lu à voix haute, avec difficulté, et sa ponctuation c’était surtout mes sanglots et les tremblements dans ma voix, les moments où j’ai dû me recomposer, faire une pause, respirer pendant quelques cycles dans le silence. Je crois que c’est un texte fait pour être entendu plus que lu.

Nous sommes le Lundi de Pâques 2025, mes condisciples sont assis devant moi à même le sol, je me tiens debout, une feuille tremblante à la main, je prends une grande inspiration, et je me jette dans le Vide :

Voici quelques lignes. Essayez d’y prêter attention car elles parlent aussi de vous.

Alors que je tentais de résumer ici les trois ou quatre dernières années de ma vie, une chose m’est apparue. Franche. Nette. Claire et limpide : c’est le petit garçon qui avait raison. C’est le petit garçon que j’étais ; celui qui aimait sans s’en rendre compte, parce qu’il n’y avait aucune autre réalité d’être, celui qui pardonnait aux autres dans l’instant, ce tout petit bout de minerai d’amour brut oui, c’est lui qui avait raison. Il était imparfait parce que souvent trop naïf ou maladroit, certes, mais il était juste. Ce n’est que quand est venu le moment de la Forge qu’est la vie qu’il a commencé à se tromper de destination, qu’il a commencé à manquer la cible. Du Feu de la Fonderie nécessaire à sa purification, il n’a retenu que la douleur. Il n’a pas su apercevoir la nécessité de l’épreuve du Feu. Celle qui allait détacher les impuretés, les imperfections du minerai pour n’en garder que la substantielle moëlle : l’Amour Pur et Vrai. Et dans la cécité de sa conscience, il s’est accroché à ses défauts, incandescents, sans comprendre qu’il ne faisait qu’accentuer la morsure du Feu. En intensité. Et dans le temps. Alors il en a voulu à tout et à tous. Et de ce minerai porteur d’une promesse d’Amour Vrai, il n’y avait plus qu’une masse de douleur en fusion.
Mais la Forge des Âmes brûle d’un feu inextinguible. Et le Forgeron n’est pas de ceux qui abandonnent leur travail en le jetant au rebut. Non. Le Forgeron aime le travail fini et bien fini. Alors il est patient avec le minerai. Parce que Lui, il sait. Il a déjà prévu de grandes choses pour son minerai. Peut-être l’a-t-il lui-même sélectionné pour les projets qu’il a en tête. Alors le Forgeron va mettre tout son Amour et tout son Savoir-Faire, il va mettre tout son Cœur à l’ouvrage et forger ce Trésor de la Vie. Alors il remet le minerai au Feu. Encore. Et encore. Et à chaque fois, certes de manière imperceptible les premières fois, quelques impuretés se détachent, quelques défauts se consument. Et le petit garçon devenu depuis un adulte perdu dans les méandres du mental, commence à refaire surface. Il tend la main vers son adulte et tendrement, naïvement et tout de même un peu gauchement entreprend de le rassurer. Et simplement, il devient le guide de cet homme qu’il est devenu.
Son guide à travers le Feu de la Forge des Âmes. Car aujourd’hui, ce petit garçon sait. Il sait la nécessité de ce que l’adulte voit encore comme de la souffrance. Alors c’est lui qui ouvre la voie. Et chemin faisant, l’adulte à son tour finit par discerner la Destination. Alors il n’y a plus de guide, plus de suivant, mais deux compagnons qui avancent côte-à-côte, plus sûrs de leur pas mais surtout plus sûrs maintenant de pouvoir compter l’un sur l’autre.
Parce qu’après la Fonderie et le Raffinage, viendront à nouveau le Feu, le Marteau et l’Enclume, puis la Trempe. Et à nouveau le Feu, le Marteau et l’Enclume, et la Trempe. Jusqu’à la Perfection.
Alors oui, ils savent tous les deux qu’il y aura d’autres épreuves, mais qu’il ne tiendra qu’à eux de ne pas perdre la Destination de vue. Et à chaque tournant, à chaque côte, à chaque pente leur Foi en le Forgeron grandit. Car s’il y a bien une chose dont ils sont persuadés, c’est l’Amour du Forgeron pour son Travail. Il sera fait. Et il sera bien fait.
Mais en attendant, notre duo improbable aura déjà tracé et défriché sa partie du chemin. Le rendant peut-être un peu moins pénible pour les suivants, un peu plus évident, dans tous les sens du terme, pour ceux qui le chercheront.
Et pourquoi pas ? Pour tous ceux qui en font la demande, les accompagner sur un morceau du chemin ? Il suffirait que leurs chemins se croisent, se séparent, se tissent. Eclairant à la lueur de leur faible lampe les recoins obscurs qu’on y trouve parfois. Partageant le combustible sans compter avec qui aura fabriqué sa lampe. Participant à éclairer un pas après l’autre leur chemin, d’autres chemins… Participant peut-être aussi à ériger des phares dans la nuit, comme des jalons sûrs, des étapes où reprendre des forces. Qui sait ? Les bonnes idées ne manquent pas d’affluer quand on chemine. Alors cheminons. Seul si on le doit. Ensemble lorsqu’on le veut. Le combustible est inépuisable. Tout ce qui n’est pas donné est perdu.

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